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Ce vendredi 2 octobre 2015, reggaeslam.com a rendez-vous avec Désiré Aloka ou si vous préférez Dez Parker. Il est environ 19h30 lorsque nous arrivons au Parker Place. Le maître des lieux n’est pas encore arrivé. Après quelques minutes d’attente, l’homme est là. Vu sa tenue, on devine aisément qu’il vient de terminer son jogging. Sans perdre de temps, Dez Parker nous installe. L’entretien peut débuter.

Racontez-nous comment est né votre amour pour le reggae ?
C’est depuis mon enfance. A l’époque, à la maison, on avait une platine. Mon grand-frère écoutait les disques de reggae. Plus tard, au lycée de Divo et celui de Gagnoa, on avait formé un groupe d’amis. Nous étions à l’internat et nous disposions d’un magnétophone. On écoutait Alpha Blondy, Black Uhuru et Bob Marley. Après le accalauréat, je suis allé en Angleterre. Je suis descendu dans un quartier typiquement noir. J’ai eu beaucoup d’avantages là-bas.

En effet, j’habitais à côté d’un magasin de vente de disques qu’on appelait Body Music. Avec l’argent du « djossi », entendez par là, du boulot, je pouvais me faire plaisir en achetant un ou deux cd et me faire une collection. Voilà comment je suis devenu un mordu de reggae.

L’envie de faire de la musique ne vous est jamais venue à l’esprit après avoir
fait connaissance avec le reggae ?

Non pas du tout. Moi je suis un musicien non pratiquant. Je ne fais pas de la musique. J’ai juste l’oreille musicale à force d’écouter des chansons. 

 

Comment vous vient l’idée de créer le Parker Place ?
Il y avait un club de reggae en Angleterre qu’on appelait Subterrania. J’y allais tous les mercredis. C’était à West London (dans l’Ouest de l’Angleterre). Quand je venais à Abidjan en vacances, je partais au Café des Arts et au Kingston (des espaces reggae, Ndlr). Je me suis dit qu’il fallait en Côte d’Ivoire un club fermé et non ouvert à cause de la saison des pluies. Ça devait être un club avec un minimum de standard (accueil, toilettes, sonorisation…). C’est comme cela que m’est venue l’idée de créer le Parker Place, tout en copiant le modèle de Londres c’est-à-dire celui de Subterrania.

Quelle a été la réaction de vos parents quand vous leur aviez fait part de votre projet à votre retour de Londres ?
Après le BAC, normalement quand tu vas en Europe, tu es supposé revenir avec la maitrise ou le doctorat en poche. Et là, moi je suis revenu avec autre chose, une idée d’ouvrir un club de reggae. Mes parents étaient choqués. Il fallait leur expliquer que c’était de la passion. Au début tout le monde était pessimiste. A l’époque, il n’y avait pas vraiment de bar reggae. Il y avait plutôt des endroits reggae en plein air.

Malgré le scepticisme, vous décidez de vous lancer dans votre projet…
Oui. J’étais guidé par la foi.

Depuis quand est ouvert le Parker Place ?
Le Parker Place est ouvert depuis 2003. Cela nous fait donc douze ans d’existence.

Vous recevez de grandes stars du reggae mondial au Parker Place. Comment faites-vous pour avoir tous ces contacts ?
Franchement, je ne sais pas mais je sais qu’il y a quelque chose derrière. Je suis moi-même surpris. Il y a une force divine qui agit. Quand on contacte ces grands chanteurs, ils peuvent dire non. Ils peuvent même ne pas te regarder. Le Parker Place est situé au fin fond de l’Afrique de l’Ouest. Voilà, par exemple, on a contacté Sizzla hier (1er octobre 2015, Ndlr). Il n’a pas dit oui, il n’a pas dit non. Il a juste dit de lui laisser le temps de finir un concert à Conakry et il nous recontacte.

Vous avez quand même un carnet d’adresse fournis.
(Rires). Il faut de la foi et du courage. Samson avait la foi mais aussi le courage d’affronter le lion. Il faut avoir les deux. Pour y arriver, il faut combiner ces deux vertus-là. Par exemple, je me dis, je veux faire venir Sizzla. Je n’ai pas d’argent. D’abord, il faut avoir le courage de dire je veux le faire. Je dis aux gens, je veux amener Sizzla ; je n’ai pas d’argent, vous allez payer pour le voir jouer. Cela va coûter par exemple, 15 000 ou 20 000 francs CFA par personne. Si quelqu’un est assez intelligent, il comprendra que je veux 10 millions pour le concert de Sizzla. Ils te diront on est prêts. Ils me donnent l’argent, je fais venir Sizzla. Il faut être franc avec le public. Nous avons pris des risques par le passé. Aujourd’hui, on demande aux gens de partager les risques avec nous. Quand les gens me disent on veut voir tel artiste, j’entre en contact avec lui. S’il me dit je veux 20 millions de francs CFA, on va diviser cette somme par le nombre de personnes et on obtient le prix du ticket. Les gens ont le choix : soit ils payent 20 000 francs CFA pour le voir ici ou ils
payent un billet d’avion pour aller assister à son concert en Europe. Et là, il faut prévoir l’hôtel, la nourriture et tout. Ça revient encore plus cher.

Quand vous regardez 12 ans en arrière, quels sont vos sentiments ?
Je vis mon rêve. Tenez, mes musiciens sont allés jouer avec Sizzla. Un autre gars aurait dit : « Ecoutez, vous ne bougez pas car j’ai mon business à faire tourner ». Mais nous on ne se focalise pas sur l’argent. Ce n’est pas par la force d’un homme qu’on est arrivé là. 
Comment arrivons-nous à parler avec de grosses stars et à les convaincre de venir sans grands moyens ? D’autres personnes qui
ont le blé les appellent et ils refusent. Quand Luciano venait, il avait donné un concert qui s’était mal passé au Sénégal. Nous l’avons contacté. Il nous a confié que quelque chose lui disait de monter dans l’avion. Quand il est venu et qu’il a vu "United states of Africa", l’un de ses albums, il a commencé à pleurer. Pendant la répétition, il a pleuré et il a dit : « Merci de m’avoir fait venir ». Quand j’ai invité
Bushman, il n’avait qu’à appeler Luciano, ils ont le même timbre vocal. Lorsque par exemple, Beyoncé joue chez toi, quel artiste RNB pourrait refuser de venir là-bas ? On n’est pas focalisé sur le local. Sans vouloir vexer quelqu’un. Au plan local, le public est tellement exigeant. Il ne veut pas du déjà-vu.

Etes-vous rasta ?
Je ne sais pas ce qu’on appelle rasta. On est tous des rastas.

Comment jugez-vous le reggae ivoirien ?
Il y a beaucoup de boulot à faire. La preuve on a vu récemment à Abi Reggae, il y en a qui n’avaient pas le niveau pour monter sur scène. Même si on veut leur donner de la chance, on aurait dû les mettre sur la petite scène et réserver la grande scène aux plus aguerris.

Et si on vous demande votre Play List au plan local
Je jouerai Kajeem, Goody Brown, Roy Anta Kitty, les Wisemen, Hamed Farras.

Et qui jouerez-vous au plan international ?
Je suis entré au reggae par Michaël Rose donc je jouerai bien évidemment du Black Uhuru mais également Busy Signal, Vibez Cartel, The Gladiators.

Côté famille, vous nous direz quoi ?
Je vis avec quelqu’un et j’ai des enfants. Ma fille aînée écoute beaucoup le reggae. Elle chante bien. Mais pour l’heure, elle ne parle pas de carrière musicale, elle entend d’abord finir ses études. Je lui ai transmis déjà mes locks, je ne vais pas encore l’entrainer dans mon univers (rires).
                                                                                                                                                                         Interview réalisée par Epsilon Richard

Désiré Aloka

"Luciano a pleuré au Parker Place"

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