Comment va masta coco?
Ecoute, je vais bien malgré un été très difficile.
En effet, après avoir enchainé pleins d'activités musicales de mars à
mai 2015, je me suis vu diagnostiquer une fatigue extrême couplée
d'une péricardite et d'un ulcère. Bien heureusement, la médecine
française est très au point du coup, je me suis vu forcé par mes
médecins d’observer au moins deux mois d'inactivité. Plus de concert
ni de studio jusqu'en septembre mais les interviews sont permis (rire).
Tu te présentes aux visiteurs de reggaeslam ?
Je suis Marc René EDI alias Masta Coco, originaire de l'Agneby-Tiassa,
ayant vécu en France (25 ans pratiquement). On me décrit comme
étant un artiste franco-ivoirien ce qui ne me déplait pas du tout,
effectivement, c'est plaisant d'avoir deux publics, deux pays et deux
cultures. Je suis actuellement divorcé et père d'une superbe petite
métisse de 11 ans. J'exerce actuellement en tant qu'artiste, auteur et
compositeur. Côté formation, je suis titulaire du Sound Engineer
Degree (Diplôme d'ingénieur de son ), obtenu à la S.A.E Paris (School
of audio engineering).
Quand est-ce que tu as commencé à chanter ? Raconte-nous tout
depuis le début.
Nous étions en 1993, je venais de France pour faire deux années
scolaires en Côte d'Ivoire. J'avais, avec moi, cette culture hip-hop à
l'époque très développé en France mais pas suffisamment en Côte
d'Ivoire. C'est à cette époque que nous, jeunes enfants de Cocody,
nous retrouvions tous les soirs après les cours pour nous adonner à
la pratique du hip-hop jusqu'à en devenir des virtuoses. Ainsi est né
le groupe « Main Fraim », composé à l'époque de Patrick N'Gouin-Claih (Toopaï ou Toop hit beat maker ), Jean Luc N'gouin-Claih (DAJ ou Joker ), Georges Hadifeh (Kilo Gee de KNK Production )et Masta Coco. Quelques années après, pour des raisons scolaires, nous dûmes nous séparer mais continuâmes à garder cette flamme qui nous unissait. A l'époque, nous n’étions pas très nombreux à représenter le hip-hop dans la capitale ivoirienne. Je me souviens qu'il y avait déjà Angelo Dogba, Stezo ainsi que Almighty et M.A.M. Le hip-hop ivoirien en était à ses balbutiements. Depuis, comme vous le savez, je m'en suis retourné vers la France où j'ai monté de divers collaborations, notamment avec Akérahim des Yang System que vous retrouvez sur mon album en tant qu'ingénieur de son, des rappeurs américains prestigieux tel que Mos Def, AfuRA etc... C'était une belle histoire qui s'est achevée comme vous le savez en 2009 avec ma conversion au reggae.
Pourquoi le reggae ? Qu’est-ce qui t’a orienté dans le choix de ton style
musical ?
Comme beaucoup le savent, j'ai commencé dans le hip-hop en tant que
producteur et beat maker ( 1995). A la suite de mon divorce en 2009, j'ai
décidé de recommencer ma vie en axant celle-ci sur ce que j'ai toujours
voulu faire : La Musique. Plus précisément, la musique reggae dans laquelle
je me retrouve et m'identifie. C'est ainsi qu'en 2010 je forme mon premier
orchestre et me lance à l'assaut des scènes françaises. Cela se solde en
2010 par un début de carrière dans les bacs ainsi que dans les médias avec
la sortie de ma première œuvre " One Man Stand " (Maxi 5 titres) sorti en
2011. Galvanisé par les ventes et l'accueil du publique, je décide alors de
professionnaliser un peu plus ma musique dans un premier temps en
m'associant à certain barons de la musique tels que David Sosoo
(promoteur de spectacles) qui me permettra de travailler avec des
personnes illustres que sont Thierry Cham, Sael, Eric Virgal, Jacob
Desvarieux, Kassav' et bien d'autres... Dans un deuxième temps, de me
rapprocher de José Touré (Directeur du centre culturel français aux USA,
producteur musicale et promoteur de concerts etc...), lequel s'affaire à parachever mon ascension dans l'univers international de la musique en me faisant participer à de gros événement tels que Abi Reggae Festival ( en ce qui concerne la Côte d'Ivoire), bientôt S.O.B New-York etc... Comme je l'ai expliqué plus tôt, j'ai dû faire face à un divorce très difficile, très couteux et très long. J'étais au plus bas, comme fini. Je n'ai pas honte de dire que j'ai consulté des spécialistes qui m'ont conseillé d'adopter le chant comme thérapie pour m'en remettre. Dans cet exercice, j'ai éprouvé beaucoup de plaisir et pas que moi. En effet, tout mon entourage, appréciais énormément ma voix et mes compositions, ce qui m'a encouragé à me perfectionner et à poursuivre jusqu'à me rendre compte que le reggae me permettait une meilleur expression et une meilleures profondeur dans mes textes ainsi que dans mes mélodies. La suite vous la connaissez...je suis devenu Masta Coco !
Parles-nous un peu de « Screams and Fight ». Quels sont les sujets que tu développes dans cet album ?
Screams & Fight est l'aboutissement de toutes ces années de travail. Un cocktail de mon expérience, mon vécu et mes réflexions. J'y parle de ma rencontre avec Dieu, notamment, dans « Jah Knows » et « One Day ». Expérience personnelle que j'ai vécue au plus bas de moi-même. J'y parle aussi d'espoir, d'amour et de beauté. J'y règle certains comptes notamment sur le titre « Les Amis ». Comme vous le savez, le reggae est une musique d'émancipation du peuple, par et pour lui, donc il va de soit que j'y traite de problèmes sociaux et politiques. Vous pouvez retrouver ses thèmes à travers " Espoir ", " Screams & Fight " , "Mon Jardin" et "No Love". J'ai voulu cet album international, d'où la présence massive d'anglais et de français. L'idée est d'atteindre le plus grand nombre de personnes. Mais il n'est pas exclu que je puisse chanter en Abbey ( Ma langue maternelle ), en Dioula ou en espagnol mais l'idée reste la même.
Tu as une autre passion à part la musique ? Parles-nous de tes hobbies
Mon grand hobbie c'est la pêche ! De préférence en mer ou sur la plage. Je suis aussi un grand adepte du sport et assoiffé de connaissances diverses et multiples. Je lis tout, regarde tout, écoute pratiquement tout et apprend de la vie. Je suis aussi un adepte d'automobile et de belles mécaniques. Etant resté un grand enfant, je ne peux me séparer de ma console de jeux. Un vrai gosse quoi! (rire) J'aime tout ce qui amuse même si cela me fait passer pour un enfant.
Comment tu gères ta vie de famille et ta vie d’artiste ? C’est pas trop difficile ?
Je dois avouer que c'est un vrai jeu d'équilibriste ! Fort heureusement, j'ai de très bons rapports avec mon ex-femme et j'arrive donc à gérer sans trop de mal. Ma fille passe avant tout. Même si je dois m'absenter, je trouve le temps de rattraper cette absence.
Tu es un artiste célèbre et tu chantes bien. C’est sûr que les femmes te tournent autour. Comment tu réagis à leurs avances ?
(Rires) Je l'attendais celle-là ! Franchement, je ne vais pas te mentir, mes opportunités sentimentales sont tellement multiples et variées que je devrais me plaire à manger à tout les râteliers...Mais non ! Comme je l'ai dit plus tôt, j'étais en couple, marié pendant neuf ans. Ce qui indique que je suis plutôt famille que polygame, ce qui est très embêtant quand vous êtes artistes. Cela m'a valu beaucoup de déceptions car lorsque vous cherchez l'amour, votre partenaire, lui, ne cherche qu'à être avec Masta Coco l'artiste et non Marc EDI. Du coup je dirais que pour l'instant je suis célibataire et préfère me concentrer sur ma musique. Pour le reste, Dieu décidera.
Comment tu as dragué la femme qui partage ta vie aujourd’hui ? Raconte-nous l’histoire
Comme je l'ai dis précédemment, mon manque de confiance et ma méfiance envers la gente féminine, me pousse à ne pas avoir de relation actuellement. Je reste néanmoins un homme qui s'octroie de temps à autres des aventures sans lendemain.
Parlons de tes projets dans le futur pour changer de sujet. Qu’est-ce que tu prévois pour toi-même, pour les mélomanes, pour l’avancée du reggae ?
Il est toujours intéressant de parler de future quand sans futur il n'ya pas de présent (rires). Je n'aime pas trop parler de mes projet d'avenir mais il faut se prêter au jeu car je suis avant tout un artiste donc je te dirai que j'ai décidé de reprendre les scènes en France dès octobre 2015. Pour l'Afrique, est prévu, un gros événement m'impliquant pour cette fin d'année et comme je l'avais annoncé l'année dernière, je vais, dès septembre, enregistrer mon 3è album. En ce qui concerne 2016 ? Je t’en parlerai prochainement mais je peux t’assurer que ce sera une année très très riche en événement me concernant.
Lors de ta dernière visite à Abidjan, qu’est-ce que le milieu du reggae t’a laissé comme impressions ?
Contrairement à mon habitude, j'ai effectivement fait deux séjours successifs d'un mois et demi chacun et cela m'a permis de rentrer en contact avec tout les acteurs du reggae ivoirien. Et je puis t’assurer que j'ai été bluffé. Le reggae ivoirien a fait un bon phénoménal ! ça ne rigole plus! Nous sommes passés à un autre niveau, celui où le professionnalisme s'installe. Je tire mon chapeau à tous ces artistes qui représentent fièrement leur étendard.
Ton plus beau souvenir depuis le début de ta carrière ?
En une seule phrase...Mon orchestre et moi accompagnant Jacob Desvarieux sur scène en lieu et place de Kassav' ! ça c'est un souvenir dans ma carrière pour le moment...!
Ton coup de gueule ?
L'amour excessif de l'argent dans le milieu des médias et de la musique reggae en Afrique. On a besoin d'argent autant en Afrique qu'en occident et d'aucun vous dirait qu'il est plus dur de vivre en occident qu'en Afrique tout simplement parce que la vie y est plus chère, le climat y est rigoureux et l'intégration est plus difficile pour beaucoup. Comment arrivez vous à expliquer que le milieu du reggae y soit plus propre? plus ouvert? moins claniste? et plus facile qu'en afrique ?. Je ne critique pas mes frères, car je sais que il est néanmoins, plus facile de trouver du travail en occident qu'en Afrique et donc plus facile de s'organiser, même difficilement pour cela, il suffit d'être ouvert et de comprendre que ce n'est pas en soutirant de l'argent à l'artiste qu'on le fera avancer. Pour moi le rôle d'un journaliste et d'un musicien est de gagner son argent tout en faisant avancer la musique plutôt que de se faire des couilles en or en étouffant financièrement les artistes...pour avoir vécu certaines situations...je me comprends.
Tu préconiserais quoi alors ?
Je préconise que chacun reste dans son rôle parce quon le sait très bien, seul le travail paie et celui qui travaille bien fini par bien gagner. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Dieu ! Aide-toi et le ciel t'aidera.
Merci Masta Coco. Un dernier mot ? un message ?
La vie est un cadeau qui ne fait souvent pas de cadeau. Soyez fort et dites vous que personne n'est né pour rien. Qui que vous soyez, sachez que vous êtes là pour faire partie intégrante de ce monde, car il faut de tout pour faire un monde. Merci à vous et restez connecter. MASHUP! Masta Coco.
Interview réalisée par Coco Joyce


Masta Coco
Du Hip-Hop au
Reggae
