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Ras Julian est l’ambassadeur de la communauté rasta en

Côte d’Ivoire. Dans le milieu des rastas de Côte d'Ivoire,

c'est quelqu'un qu'on ne présente plus. Artiste émérite, il

est l'un des pionniers de ce mouvement qui, selon lui, a

connu des débuts très difficiles. Dans cet entretien, il nous

en parle et nous fait voyager dans le temps afin de nous

instruire sur la naissance de la communauté rasta de

Côte d'Ivoire.

Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis humblement Ras Julian Kadjey, Secrétaire à la

Communication des Rasta de Côte d’Ivoire et leur porte-parole.

Je suis également Secrétaire des Rasta de Côte d’Ivoire et des

Reggaemakers au sein de l’Oremci (Organisation des

Reggaemakres et des Rasta) dirigée par Neddy Jerth. C’est là-bas qu’on m’a donné le titre de Secrétaire à la Communication. J’ai été nommé ambassadeur Rasta de Côte d’Ivoire le 17 août 2006 à Accra lors de la marche de l’unité africaine dédié à Marcus Garvey par les sages de notre culture et de notre connaissance. Rastafari.

Comment se comporte la communauté rasta en Côte d’Ivoire en ce moment ?
Par la grâce du Seigneur Jah Rastafari, elle se comporte bien. Elle ne se plaint pas malgré les épreuves qu’elle vit. C’est une communauté forte et il faut la saluer. Nous nous sommes dit que l’adversité n’est pas une fatalité, ce sont des épreuves que l’Eternel Jéhovah met sur notre route pour nous fortifier et nous élever. Par exemple sans Goliath, David n’allait pas être ce qu’il est aujourd’hui. Goliath fut l’adversité de David et ce dernier a triomphé. Sans les moqueries de Belina, Anne n’allait pas connaître la joie de l’enfantement. Elle a d’ailleurs enfanté un grand homme qu’on appellait Samson. Plus loin disons que sans les épreuves de Job, il n’allait pas être quelqu’un aujourd’hui. L’adversité nous permet de nous élever, ce sont des épreuves qui nous fortifient et on devient des hommes de lumière. Il faut donc dire que la communauté rasta se porte bien, elle se prend elle-même en charge, elle ne dépend de personne.
 

Elle est forte de combien de membres ?
La communauté Rasta est forte de plus de 200 membres ; Des Rasta vrais qui pratiquent la foi. Quelles sont concrètement les activités que mènent les Rastas en Côte d’Ivoire ?
Les Rasta sont allés à l’école comme tout le monde. Mais en Côte d’Ivoire, nous sommes dans un système de Babylone (c’est le pouvoir du diable qui s’attaque au pouvoir divin). Il est difficile d’intégrer l’administration du fait de nos vœux de Nazaréen. Etant Rastaman, si la société refuse de t’embaucher, embauche-toi toi-même en restant libéral, en créant ton business. Comme les choses de la nature sont saines et purs comme les arts, il n’y’a rien de meilleur qu’être un artiste et Jah élève cela. Raison pour laquelle il existe en notre sein de grands artisans, de grands chanteurs et de grands agriculteurs. Hormis cela, d’autres ont des diplômes. Kodjé, par exemple est un jeune titulaire d’un BTS en informatique, Naftaly a une licence en biochimie. Il y a des frères qui sont des enseignants, des professeurs d’arts. Il y en a beaucoup d’autres qui peuvent très bien officier dans l’administration. Moi par exemple, j’ai grandi dans la diplomatie, je suis né dans une famille d’ambassadeur.

Ce n’est pas un hasard que je sois ambassadeur Rasta. Mon père adoptif, le grand frère à ma mère fut ambassadeur ; l’ambassadeur Koudou. C’est lui qui m’a envoyé au Liban. Mon père Kadjé fut le sous-directeur du budget au Ministère des affaires étrangères en 1976. C’est pour dire que d’une certaine manière, j’ai côtoyé l’administration et ce n’est pas un hasard si aujourd’hui je joue un rôle de diplomate au sein de la communauté Rasta de Côte d’Ivoire. J’ai contribué à créer des contacts pour beaucoup de personnes. Fadal Dey, par exemple, quant il a eu son premier contrat à Cocody le 26 Novembre 1994 pour l’inauguration de l’Allocodrome de cocody, j’y ai participé Vous voyez donc que la nature m’avait déjà donné humblement ce pouvoir.

Et si on revenait un peu sur les premiers moments du mouvement Rasta en Côte d’ivoire ? Comment c’est parti ?
D’abord il faut dire que la Côte d’Ivoire est un pays ouvert. Il faut dire que la musique, c’est l’évangile, le reggae c’est les psaumes 150 et les psaumes 98 verset 4 à 6 où l’éternel Jéhovah dit de le louer avec les tambours, la harpe et à la cymbale. Il y avait une grande variété en Côte d’Ivoire en terme de musique. Il y avait le rythme congolais, antillais, avec des gens qui, à l’époque des indépendances, chantaient en français. Ils étaient encore sous l’influence de la colonisation. Et puis, il y a eu la génération des Amedée Pierre qui s’est « révolté » et qui a commencé à chanter en Bété, dans nos langues et ça a pris. Les choses ont ainsi germé jusqu’à ce que viennent le temps du reggae avec les U-Roy. C’est surtout ce dernier qui a marqué, avec Golden …Les gens ont aimé le reggae par là et ça a pris fort. Kimon de Ramses, Abou Smith, Aïcha Koné, Bailly Spinto, tous ont fait du reggae. La Côte d’Ivoire était à l’époque un pays de mode, les ivoiriens aimaient la mode, et le Reggae était un phénomène de mode à Abidjan. Ensuite, l’annonce de l’arrivée de Bob Marley dans les années 82 à donné un coup d’accélérateur à cette musique. Malheureusement, il n’est pas venu. Cela a donné la soif du reggae au gens. Et c’est là qu’Abou Smith fait son entrée, mais il n’avait pas la poigne. Et puis les regards se portent ensuite sur Alpha Blondy, un garçon qui fait fort dans l’émission « Première chance » avec Roger Fulgence Kassy dans les années 82. En 1983, il sort « Brigadier Sabari » qui connait un grand succès. Après, il y a eu Ismaël Isaac et les frères Kéita qui ont suivi et le mouvement a commencé à prendre. On assistera à partir des années 87 à l’arrivée des premiers rastas comme Soweto qui ont commencé à mettre certaines choses en place tel que le mouvement Rasta control, avec Vamey, la sœur Antou, 5 Bagou de Gaillards... Tous ont formé autour de Soweto un mouvement qu’on appelait le Moraci, le Mouvement Rasta Control. A leur époque, c’était difficile. On n’aimait pas les rasta au temps d’Houphouët Boigny. Alpha Blondy a vécu cet épisode avec « Brigadier Sabari ». Il était à Adjamé et les policiers raflaient. Il n’a pas fui et quelqu’un lui avait pris son sac. Il est donc allé vers les policiers pour leur dire ça. À l’époque nos policiers étaient des insensés, ils te frappaient pour un rien. Et Blondy n’a pas échappé à la règle. Ils l’ont copieusement bastonné. Eux, ils croyaient lui faire du mal. Cela l’a inspiré au contraire et lui a permis d’être ce qu’il est aujourd’hui. Ici on n’aimait pas les barbus. Houphouët-Boigny n’aimait pas les barbus. C’est un pays de Babylone, de Vatican donc on n’aimait pas ceux qui ont la barbe, on les traitait de rebelle. Les gens étaient des ignorants chroniques. Le 12 avril 1996, José Touré, le promoteur international, m’a sollicité pour l’aider à entrer en contact avec le groupe des rastas parce que le père du groupe Morgan Heritage voulait les inviter à un déjeuner débat. Je suis allé immédiatement informer tous les frères de Cocody, de 2 Plateaux. Surtout Kush, parce que c’était mon allié. Ensuite, nous sommes allé à Abobo et c’est là que j’ai eu ma révélation. C’était le samedi 13 avril 1996, jour de l’anniversaire de mon frère Kush et on a eu tous la révélation. C’est comme ça que le mouvement est parti. On s’est réuni pour tracer les sillons de la nouvelle communauté rasta de Côte d’Ivoire. Nous avons trouvé un local et on a changé de nom en mettant « Rastafari Family ». Puis, grâce aux relations internationalex de Kuch, on a eu un studio d’enregistrement, le studio Tafari et partant de là, il y a eu les enseignements, le sabbat et beaucoup de frère ont d’ailleurs enregistré leur album dans ce studio. Il y a eu des conférences un peu partout dans la ville, entre autre, celle avec Tangara le 22 octobre 1997. On a permis d’amélioré les choses .C’est ainsi que le mouvement est parti. Petit à petit, on a enregistré la venue d’étudiants, de jeunes gendarmes qui, comprenant le mouvement rasta, ont fait leur entrée et les choses ont commencé à se mettre en place.

Tu as parlé de sabbat, qu’est-ce que le sabbat chez le rasta ?
Le sabbat, c’est le jour où Dieu s’est reposé, c’est le jour de louange pour Dieu. On se repose. On prie. Sabbat, c’est prier, rendre gloire à son Créateur Jah Rastafari. Dieu s’est reposé le Vendredi à18h jusqu’au Samedi à 18h, ça fait un jour complet pour le sabbat. Toutes les grandes veillées chrétiennes se passent à partir de vendredi, nos frères musulmans prient vendredi, les parents harriste ne mange pas la viande à partir de vendredi. Mais pourquoi tout tourne autour de vendredi ? Le rastaman dit que c’est à partir du vendredi qu’on commence à prier le seigneur, ce n’est pas dimanche. C’est le pape Constantin qui a changé le jour de louange en 311 pour le mettre à dimanche. Dimanche est le premier jour de la semaine, le Sunday, le jour où « on va se chercher ».

La destruction du village rasta n’a-t-il pas impacter négativement le mouvement ?
Bien sûr que si. C’est grave qu’on détruise un village rasta. Avec le village, c’est la Côte d’Ivoire qui était mise en avant. On ne sait pas pourquoi ils l’ont détruit. Un libanais a dit que c’est à lui le terrain. C’est grave, mais l’Etat n’as rien fait. Je ne sais pas si il était de connivence avec ce libanais ; C’est la culture qui est touchée, la culture c’est l’emblème d’un pays, c’est la culture qui fait un pays.

Qu’est ce qui est fait en ce moment ?
Rien n’est fait pour l’instant. Après que le village soit cassé, Mr. Sidiki Konate nous a reçu, à ce sujet. Il nous a même demandé de chercher un autre site mais malheureusement, il n’est plus Ministre. On va voir Mr Billon, il dit autre chose. Mais mes bénédictions vont à l’endroit d’un grand Ministre, Mr Dosso Moussa. Il est même allé au village rasta. On prie Dieu pour que les choses aillent dans le bon sens.
                                                                                                                                                                                Entretien réalisé par Martial Alaté

Ras Julian

"Houphouët n'aimait

pas les barbus"

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